Aller au contenu principal

17 MAI 1997: LES CONGOLAIS PERDENT LE CONTROLE DE LEUR PAYS

L’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), était une coalition de dissidents à Mobutu Sese Seko et de groupes ethniques minoritaires congolais ainsi que de troupes étrangères qui, chapotés par Laurent Désiré Kabila, prirent le pouvoir au terme de la première guerre du Congo (1996-1997).

Bien que l’alliance hétéroclite ait réussi à évincer Mobutu du pouvoir, elle ne survécut pas aux tensions entre Kabila et ses anciens alliés, l’Ouganda et le Rwanda, ce qui amena au déclenchement de la deuxième guerre du Congo, le 2 août 1998.

En réalité, le « conglomérat d’aventuriers » qui constituait l’AFDL (comme l’appela Laurent Désiré lui-même), après sont divorce avec ceux que la veille il avait appelé « les coopérants étrangers », était plus intéressée à prendre possession du sol et du sous sol congolais, comme le précisait si bien l’art. 1 des Statuts de la AFDL, qui furent considéré comme la loi fondamentale de la RDC, pendant le régime de Laurent Désiré Kabila, qui gouvernait sans Constitution écrite.

Voici ce que disait l’art. 1 des Statuts de l’AFDL:

 » Le sol et le sous de la République Démocratique du Congo appartiennent à l’AFDL ».

Cet article des statuts de l’AFDL résume parfaitement le sens de la privation des congolais du contrôle de leur pays et des leurs ressources naturelles.

Quand d’aucuns considèrent le revirement de Laurent Désiré Kabila envers ses amis « coopérants » comme une prise de conscience, je dois dire que je suis très sceptique, car déjà la Charte du mouvement « révolutionnaire » portait en soi les germes de l’asservissement du Congo à des forces étrangères.

Donc, la phrase attribuée à Laurent Désiré Kabila « Jamais trahir le Congo » apparait, à nous les témoins encore vivants de cette épopée désastreuse pour le peuple congolais, comme un « mea culpa » par rapport à ses propres compromissions, plus qu’une exhortation éthique d’un principe à suivre.

Laurent Désiré Kabila, dans son marxisme embryonnaire décrié par Che Guevara, qui l’avait rencontré et combattu à ses cotes dans les années 60, avait l’intention de copier le système Lybien, décrit dans le « Livret Vert », avec quelques ajustements d’inspiration Nord Coréen, pour faire de la RDC un état centré sur les Comités du Pouvoir Populaire (CPP en sigle), aux antipodes de la démocratie pluraliste et représentative, étant plutôt une structuration proche du centralisme démocratique communiste.

Ses « alliés » l’on laissé rêver, jusqu’au moment où il dérangea leurs intérêts avec comme suite logique, la deuxième guerre du Congo (1998).

Grâce à la médiation d’un Ambassadeur occidental dont la femme avait déjà connu Laurent Désiré Kabila à l’époque de son exil en Ouganda, je fit parvenir au vieux président de facto (qui d’ailleurs me faisait arrêter par les services de sécurité tous les trois mois, car je ne me pliait pas à son ordre verbal de suspension des activités politiques), qui gouvernait sans Constitution écrite et qui interdisait toute activité politique (sauf la sienne et celle de son mouvement), une proposition d’un Débat National, dont la principal finalité était le lancement d’un véritable processus de Légitimation du Pouvoir et la Réconciliation Nationale entre Congolais.

En effet, sa volonté de mettre en place un système marxiste inspiré par les CPP Nord Coréens, ne passait pas dans l’opinion tant nationale qu’internationale et il apparaissait nécessaire de lancer les fondations d’un minimum d’état de droit pour protéger les congolais des bavures des « commandants » (le seul grade admis à l’époque dans l’armée nationale congolaise) qui se servaient souvent sur les biens des congolais, prétextant leur passé « mobutiste » ou bien simplement leur droit de se payer, sur les biens des civils, pour l’effort de guerre fourni.

Malheureusement, même si le vieux lion accepta les grandes ligne de ma proposition, il la interpréta à sa manière, transformant le Débat National en un forum non représentatif et donc incapable de promouvoir la structuration politique et institutionnelle moderne d’un état.

Conscient de l’ erreur, LD Kabila essaya de se corriger avec les assises de Libreville, mais c ‘était déjà trop tard.

Un renvoi de quelques semaine des ces assises, ouvertes à la participation de plusieurs tendances politiques de l’ opposition non armée et armée ainsi que de la société civile, fut fatal à la crédibilité du processus. Laurent Désiré Kabila fut ainsi assassiné, dans des circonstances non élucidées à ce jour.

En tant que membre du dernier Gouvernement Likulia, je savait que le Président Mobutu était mourant. J’avais même essayé en 1997, quelques mois avant la prise de Kinshasa, de prévenir le Président Mobutu sur le fait que la guerre était perdue et qu’il aurait été nécessaire de laisser le pouvoir au Monseigneur Monsengwo, à l’époque à la tête du parlement de transition et Constitutionnellement la personnalité qui aurait dû le remplacer. Mais mon avertissement, à Gbadolite, fut donné en présence de certains généraux corrompus qui, à mon retour à Kinshasa, essayèrent de m’éliminer par un sicaire qui tira à bout portant sur ma voiture, non loin de ma maison, pour avoir dit la vérité au Marechal.

Je continu à être convaincu que si le futur Cardinal Laurent Monsengwo avait pris le pouvoir, l’histoire de la RDC aurait pu évoluer différemment et le cycle infernal des déstabilisations militaires du pays ne se serait pas enclanché.

En d’autres termes, le 17 mai 1997 n’aurait peut être pas eu lieu…

Mais les maitres de l’AFDL, avec leur projet néfaste pour le pays, avaient un seul et vrai objectif: que le sol et le sous sol de ce pays deviennent la propriété exclusive du conglomérat infâme et de ses maitres à penser qui avaient pris le pouvoir le 17 mai 1997 à Kinshasa.

Les congolais seront vraiment libres seulement quand commenceront à écrire leur histoire, dixit Patrice Emery Lumumba

Eugène Diomi Ndongala